Alibaba et Pékin: l'IA au service de la gouvernance urbaine

De Hangzhou à la capitale, la Chine expérimente des modèles urbains numériques où l’innovation rencontre la gouvernance



PÉKIN— La notion de « ville intelligente » est devenue en Chine bienplus qu’un slogan technologique : elle incarne un projet politique et sociétal.
Portée par l’État central et par les grands groupes numériques, cette stratégie vise à conjuguer innovation, planification et contrôle pour répondre aux défis urbains du XXIᵉ siècle : pollution, congestion, mobilité, sécurité et qualité de vie.


Le géant Alibaba joue un rôle central danscette dynamique. Son projet CityBrain, testé à grande échelle à Hangzhou, a démontré lacapacité de l’intelligence artificielle à fluidifier la circulation, réduire les embouteillages et intégrer des données environnementales. Sans être déployé intégralement dans la capitale, le système inspire désormais des programmes pilotes à Pékin et dans ses zones périphériques, notamment dans le district de Tongzhou etla Xiongan New Area, où se dessinent les contours d’une gouvernance urbaine assistée par la donnée.

En parallèle, l’Université de Pékin et Alibabaont créé un laboratoire conjointd’innovation en IA, orienté vers la recherche d’algorithmes denouvelle génération. Ce partenariat illustre la volonté chinoise de relier recherche académique et industrie afin d’accélérer la mise en œuvre de solutions numériques applicables à l’urbanisme, à l’énergie ou aux services publics.

Pour Pékin, la ville intelligente n’est passeulement une affaire de technologie : elle traduit une ambition de gouvernance. Dans le cadre du 14ᵉ Plan quinquennal, la municipalité cherche à combiner attractivité économique et gestion raisonnée des externalités urbaines. L’IA devient ainsi un levier pour articuler mobilité, santé, culture et sécurité dans un même écosystème numérique.
Cette approche, encore fragmentaire dans lacapitale, pose une question de fond : jusqu’où une ville peut-elle être gouvernée par les algorithmes ? La Chine y voit un instrument de puissance et de stabilité. Pour ses habitants, l’enjeu sera de mesurer si cette gouvernance numérique renforce leur qualité de vie .

La légende d’Ali Baba parlait de “trésors cachés derrière un mot magique”.Dans la Chine du XXIᵉ siècle, ce mot est devenu IA, et la cavernes’appelle Pékin.